« Je ne sais pas comment elle s’appelle… Elle squatte souvent devant le Marché Plus, rue de Belgique à Lorient. Elle occupe les rues dont on se plaint souvent qu’elles se désertifient. Elle vous aborde en vous réclamant ce dont elle et son chien ont besoin. Je trouve ça courageux. C’est vrai, la plupart des gens ne voudraient surtout pas qu’on devine ce qu’il leur manque. J’aime lui donner un rond ou deux, de préférence trois, je lui donne tout ce que j’économise en dons pour l’Unicef ou les autres ONGs qui se proposent d’aller porter mon aide je ne sais où. Elle n’est pas la seule dans son genre, d’ailleurs, à me donner le sourire. A Lorient il y a le marché de Merville où je croise des clodos et des clodotes, c’est l’un des trucs que je préfère là-bas. J’aime me dire qu’on peut vivre aux crochets des gens, ça me rassure sur notre société de voir une grand-mère donner sa petite pièce à ma copine avec ses cheveux qui puent, et la grande sincérité dans leur échange de sourires. Je crois que chacune y trouve son compte, et même un petit peu plus. »
Comment je l’ai connue ? Elle fait la manche devant l’épicerie près de chez moi. Elle mène une vie très émancipée, elle n’a peur de personne, elle ne travaille pas, elle a le contact facile et elle parle, mais sans partir en cacahuete non plus.
Que m’a-t-elle appris ? Qu’il était agréable de donner. »